Pauvre saule à l'oreille

 

L'histoire vraie d'un être vivant qui se meurt

Je te connais depuis mon arrivée en ces lieux de marais et d'étangs, alors que je venais me recueillir près de l'eau, je n'ai pu te manquer, tu étais si singulier avec ton oreille, penché en arrière comme si tu n'en pouvais plus d'entendre ce qu'on te disait.

Tes branches, d'un beau vert, formaient comme une chevelure, en dessous une oreille pointait. Et c'est ainsi que j'ai tout de suite pensé que tu avais de la personnalité mon ami. J'ai souvent entendu le chant mouvementé de tes frères, je les ai souvent écouté me susurrer les peines de la nature quand le vent les aidait à s'exprimer. Je ne savais comment leur répondre, leur dire combien je me sentais en peine moi aussi.

Et je t'ai trouvé toi. Cette anse comme celle d'une tasse, je savais qu'elle te servait à écouter, je savais aussi que jamais tu ne trahirais mes secrets, qu'ils retourneraient simplement vers la terre d'où je suis née, filtrés par ta bienveillance pour m'apaiser.

Saule, tu n'as jamais eu le droit au titre de « pleureur », ta chevelure si fière dressée. Mais moi je sais…. qu'en secret tu pleurais.

Et là, après cette nuit d'orage et de grêle, je reviens pour te conter ma vie. Tu es couché, les racines tournées vers le marais comme tendues vers le dernier souffle de ta vie qui ne fut qu'écoute et immobilité. Tes cheveux encore verts seront les témoins de ta longue agonie au fil des jours, ton oreille collée au sol, guettant les vibration des vers qui viendront te ronger. Et je ne peux rien faire mon ami toi qui me fut si fidèle.



17/09/2006
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